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DOOM

LIGHTS OF DESPAIR
Compilation de nouvelles

Pure
Silva Major
Lights of Despair

 

PURE
2014
Abattue d’une violence conjuguée et incessante,
une jeune étudiante entreprend l’irréversible

 

 

 

Libère-toi de ce corps, laisse-le disparaitre, tu as fait ton temps.
Tu m’écœure, Émilie.

 

- « Ferme-la! », dit-elle,
libérant un maigre filet de bave pendu à sa lèvre inférieure.

Sa chevelure encore mouillée d’une douche froide, goûte sur le sol de sa chambre.
Quelques mèches lui collent au visage, d’autres s’entrechoquent dans un va et vient incessant.

La serviette de bain humide à terre, son corps est désormais totalement nu.
Sur ses jambes quelques ecchymoses, sur ses bras quelques griffures,
sur ses joues des traces de mascara partiellement chassé du contour de ses yeux.

Une chambre désordonnée, aux murs d’un gris clair.
Un lit double aux draps jamais faits, un petit bureau sur lequel est jeté un sac de cours à chaque fin de journée.
Une commode en bois aux tiroirs continuellement ouvert, exhibant des sous-vêtements, des cahiers de cours, des lettres, des accessoires de maquillage.

Ses pieds nus cherchent appui contre le rebord de son lit tandis que son corps est allongé au sol.
Ne trouvant pas la position adéquate, elle décide de s’adosser au bord de son lit.

 

Tu es pathétique, tu n'honores en rien le vivant.
Ta présence ne fait qu'empiéter sur l'espace vital des autres.
Tu salis la terre à chaque larme déposée, à chaque goutte de sang versé.
Tu es déjà morte, officialise ce fait.

 

La ceinture en cuir se resserre, le coup de la jeune fille se marque et ses veines prennent de l’ampleur.
Ses yeux humident brillent, en leur reflet ses doigts tremblent en sont entre-jambes, tandis que l’extrémité de la ceinture se déforme.

 

Pauvre sotte, cherches-tu la petite mort?
Alors que tu peux t'offrir bien plus.
Qu'est-ce qui te retiens?
Personne ne t'aime, personne ne te regarde, tu n'es rien.
Tu n'es qu'une erreur.

 

- « Laisse-moi tranquille putain! Sort de ma tête! »
La jeune fille se frappe le crâne à l’aide de sa main trempé de cyprine. - « Je t’en supplie, laisse moi. »

Elle saisit son smartphone et démarre un direct.
À l’extérieur, le ciel déserté de nuages, est conquis d’un soleil ardent.
La ceinture ne cesse de se déformé sa gorge. Ses sanglots de douleur se mêlent à de légers gémissements de plaisir.
Tandis que son cerveau commence à être privé d’oxygène, des hallucinations commencent à se manifester.

 

C'est très bien, continue comme cela.
Tu deviens si belle,
Tu deviens le centre d'intérêts de tellement de gens.
Ta participation au monde est remarquable et si sincère.
N'entends-tu pas ton public t'acclamer?
Ne les déçois pas,
ne te cache pas,
ne t'enfuis pas une seconde fois.

 

- « Je t’ai dit de la fermer! Ferme-la! », crie-t-elle.
Dans l’escalier qui mène à l’étage, des bruits de pas sourds se manifestent.
Les larmes d’Émilie chutent sur son nombril, avant de couler jusqu’à son sexe écarlate et trempée.

À la porte de la chambre, une femme se manifeste et un poing vint légèrement frapper le bois.
La jeune fille tourmentée par les hallucinations ne répond pas.
Confusion d’interprétation entre le choc du poing sur la porte et son rythme cardiaque qui s’accentue au niveau de ses tempes, se faisant de plus en plus rare.
Après un moment d’hésitation, les coups reprennent et deviennent de plus en plus violents.

Les pensées d’Émilie se remettent à parler sans cesse, criant, grognant, riant, jouissant en rythme avec son être.
Le vacarme du poing sur la porte s’accélèrent. La scène finale est proche, la prestation n’a eu aucun entracte.
Le rideau ne sera jamais baissé, mais les éclairages mettent fin au spectacle et font mourir la scène.
Perdant ainsi à tout jamais la jeune performeuse dans les ténèbres.

Les spectateurs quittent leurs sièges, oubliant au fur et à mesure la prestation.
Le smartphone ne dispose plus de pourcentage d’énergie.
La voix se tait.
La porte est fracturée.

Le reste n’est que hasard.

 

 

 

 

 

 

SILVA MAJOR
2015
Au sein d’une Abbaye en ruine, une vie se dessine,
des rencontres s’esquissent et s’entrechoquent.

 

 

 

 

En cette forêt de pierres se mêlent les échos d’un passé tourmenté.

Tandis que le crépitement des flammes bercent les prisonniers,
le bourdonnement des cordes vocales de trois cent moines rythment l’activité de la carrière engloutie par une tempête furtive.

Les blessés s’entassent et hurlent de leurs souffrances, faisant fuir les collégiens et leurs instituteurs.

Par delà ces stigmates,
un corps se forme en les pierres de l’abbaye.

Par de lents mouvements, le corps s’extirpe de la pierre.
Telle une branche qui s’émancipe de son tronc, pour devenir un être empêtré dans des lianes.

Après plusieurs heures de tension, le corps se libère par un combat éprouvant, des lianes devenues basilics aux regards perçants.

Tombant au sol, fatigué, le corps se dirige pour se ressourcer d’une eau pure portée par une coupe qui lui faisait face.

Re-hydraté, le corps à la panse vide se lance instinctivement dans le labourage de la terre.
Les mains en sang, il déracine de cette dernière, devenue pourpre, un nourrisson suppliant par ses cris affamés.
Sans perdre une seconde, le corps lui donne le sein.
Admirant le mouvement des lèvres de l’enfant tétant son sein, le corps senti la faim désirante en lui.
Il leva ses mains portant l’enfant en direction du ciel.
S’apprêtant à sacrifier le nourrisson à Dieu, un ange stoppa l’être dans son intention.
Le corps compris qu’il ne pourrait obtenir de la nourriture par sa dévotion.

Ses yeux brulèrent de colère ; et dans cette colère le corps devint un lion bicorpore se battant avec lui même.
Ses rugissements résonnèrent aux quatre coins de l’Abbaye.
Puis, dans cette furie émerge de la gueule du lion, un être qui se débat avec sa mâchoire sanguinaire, jusqu’à réussir à l’arracher en deux.

La puissance du geste divise le lion.

Accompagnant une pluie de sang, le corps s’assied à terre, tandis que les deux parties du lion, d’un pas lent, l’encercle tout en l’observant.
Le corps tente de détourner la tentation carnassière des lions, en se transformant en sirène afin d’user de ses pouvoirs de séduction.

Happés par le désir, les deux lions se jettent sur la sirène.
Dans l’entre- choquement des trois corps, naissent deux centaures qui se livrent à un combat à mort.
L’un des deux, après une lutte acharnée, réussit à décapité son adversaire.
Alors que le centaure vainqueur brandit la tête de son adversaire, sa fierté se dissout et un sentiment de repentance envahit les traits de son visage.

Tandis que le centaure remboite la tête du cadavre, il ressent une présence tournoyée autour de lui.

Une grande chevelure lui pousse sur la tête, son corps de cheval disparait pour laisser place à un corps d’homme.

La présence qui se joue de lui devient une ombre avant de se matérialiser en un être sournois.
L’homme, à plusieurs reprises, se rapproche de lui sans s’en rendre compte, mais la frénésie de ce corps sournois, permet à l’homme de s’en éloigner jusqu’à disparaitre.

 

 

 

 

 

 

Lights Of Despair
2021
D’un sol bétonner, une pellicule s’extrait d’une fente.
Un corps se mêle à une projection, où un géant prend vie
La réalité devient confuse lorsque deux mondes se la partage.

 

 

 

L’intensité de la lanterne se ressaisis, de fines particules traversent le faisceau instable.
Une forme gigantesque s’invoque et observe.

De l’obscurité, un corps pénètre délicatement la séquence projetée.
Les corps se mêlent et se démêlent.
Le songe s’installe et les regards se vide, plonger en les entrailles d’une infini réflexion.
Deux mondes exprimés en un.

Un corps cherche à conserver sa tête perdu en le monde opposé.
Comme égarée au sein d’un univers de géant.
La tête boude le corps emplit par les ténèbres.
Chaque regard guider aux opposés,
cherchent désespérément quelque chose de fantastique.

Curiosité de l’étrange, avidité fantasmagorique,
le corps ne perds pas espoir.

Désir si ardent que la bête qui sommeil, par convulsion, lacère le tissage couvrant avant d’entamer la chair et le sang.

Spectre changeant, comme évanoui de ses os, errant dans un monde aveugle.
Les mondes ne sont plus. Le regard tomber et griser suffoque.

Timidement un éclat s’intensifie sous une chevelure épaisse.
Quelques perles de lumière scintillent en l’espace restraint manifesté par une main d’une épiderme aussi douce que la soie.
Crépitant le long du lobe d’une oreille délicatement dessiné.
Une légère brise d’air souffler d’un lointain vint laisser échapper certaines d’entre-elles.

Un nouveau monde brusque à devenir. Artefacts omniprésents,
les corps se détruisent, les objets se fragmentent et la flore s’évanouit.
Il ne demeure seulement de formes éparses, divaguant entre les débris d’anciens mondes.
Isoler en l’Éther, des perles de lumière surgissent des ténèbres l’être qui nourrira une civilisation originale.