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FIORENZAROMAPOMPEII

LIGHTS OF DESPAIR
Dettato dalla manifestazione di un fenomeno psichico durante una notte d’equinozio,
un giovane poeta attraversa l’Italia in ricerca d’ispirazione.

Director, Writer, Music Composer: Gaëtan Chrétien
Performer: Mélanie Henriques
Year: 2014

ITALY

Original Score from the video art "FIORENZAROMAPOMPEII"
A Gaëtan Chrétien picture
℗ 2015, G Λ Ë T V И C Ҥ Я Σ T I Ξ И © Gaëtan Chrétien

 

OUVERTURE
Six mois que je n’ai rien écris. Je ressens comme un manque ; j’ai la sensation que mes doigts ont oubliée les mouvements nécessaires à l’écriture. Où seraient-ce mes pensées qui saccadent chaque mot, chaque début de phrase à n’y plus rien comprendre ? Je ne peux nier le fait que je désire véritablement arracher cette matière de mon être pour la retranscrire sur ce carnet tâché, gribouillé, déchiré de torture. Mes yeux cherchent tant bien que mal des indices ; mon corps rentre dans des états transitoires où mon ouïe s’affine percevant ainsi chaque bruit. Ma chair analyse chaque sensation, me projetant quelques fois dans mes souvenirs. Rien n’y fais ; je n’arrive pas à élucider cet ennui. Mais cette nuit, il y a eu quelque chose de différent ; une sorte d’appel. Je devrais m’extirper afin de parvenir à extraire cette peine.

 

ROAD FRCHIT
Le pare-brise était blanchi par la fraîcheur du matin ; quelques gouttes d’une jeune pluie vinrent tâcher le pare-brise du taxi. D’un état comateux, le ciel me semble rembourré de compresses, noirci d’un vieux sang provenant d’un foie de taureau ; le taxi n’était pas le meilleur moyen pour rejoindre l’Italie, mais je ne saurais dire pourquoi mon choix a été ainsi. Malgré mon manque de sommeil qui me coûta quelques micro-siestes sur la banquette du véhicule, je trouvais saisissante cette opportunité de nourrir mon regard de tant de paysage. Je me sentais dans l’obligation la plus bénéfique et redevable, de vivre chaque kilomètre de terre et de bitume qui me reliait jusqu’au point zéro, celui de l’autre nuit.

 

FIORENZA
Je laisse mon corps voguer entre les merveilles de l’architecture Florentine, l’esprit totalement vierge de chaque sensation perçue par ma chair et mes organes. Ma vue emplit de la beauté de chaque fresque et sculpture aux âges bien plus avancés que n’importe quel être vivant.

 

Cet œil sombre tournoyant aux mille éclats,
Caressé de feuilles d’or,
Manifeste-en-moi une excitation des plus ardentes,
Désireuse que chaque angelot,
Probablement nu sous sa soie,
Protecteur de cet accès si tendre,
Vienne auprès de ma chair pour y percer le bout de mes seins
Par sa lance.
Effleurer ma bouche de ses ailes salies par le plaisir pur. 

ROMA
Imposantes architectures, imposantes sculptures, vous exhibez vos formes dans les plus beaux détails, brillants et massifs vos surfaces témoignent de la souffrance du temps, mais la solidité de vos âmes font de vous des immortels à nos yeux. Seul votre silence n’épargne en rien notre sentiment de peine à savoir que vous n’êtes que les caveaux de la sueur des hommes qui vous ont fait naître. Ne voyez pas là une offense à votre égard, car la manifestation de votre grandeur efface vos créateurs de nos pensées en nous laissant croire que vous avez surgi de la terre et de la pierre.

 

HERCULANUM & OPLONTIS
Les stigmates font de ces corps des écorchés vifs, ce qui les rend plus beaux, tandis que les pigments noirs ont gagné en caractère, bonifient les lourdes portes de bois devenu charbon. Il fait bon vivre en ces bâtisses, à croire que les rayons de soleil et les courants d’air chaud y trouvent plus de plaisir à y demeurer contrairement à leur passé. Faut-il être ruine pour savourer le présent ? Jardin secret d’une jeunesse avide de plaisirs et timide de ces inconnus ; tant d’espace entre chaque mur comme pour ne pas être gêné d’y allonger des corps vêtus de légers drapés, profitant de la fraîcheur des pierres et fuient la chaleur brûlante.

 

POMPEII
Le soleil frappait délicatement mon épiderme tandis que quelques brises d’air tentaient de rendre agréable cette charmante brûlure. Les pierres s’étaient accommodées de sa présence et le montraient fièrement. Mais malgré cette arrogance, elles m’ont fait preuve d’empathie à m’offrir quelques nappes d’ombre. J’étais à bout de souffle et mes jambes résistaient tant bien que mal. Mes yeux désiraient tant être enveloppés par leur paupière. Mais je devais continuer, j’étais persuadé d’y arriver, d’obtenir ce que mon rêve m’avait dicté. J’étais prête à y laisser mon corps, car de toute façon, sans cela, sans cette manifestation, j’étais morte.

Et puis je me suis mise à écrire ; mais vivrais-je pour autant ?