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Les Echos de la Mort

LIGHTS OF DESPAIR
Compilation de poèmes funeste où la souffrance est omniprésente.
Le deuil apparaît brisant ainsi les liens affectifs et infligeant au corps et l'esprit un état transitoire.

Director, Writer, Music Composer: Gaëtan Chrétien
Year : 2019

FRANCE

Poetry collection
℗ 2019, G Λ Ë T V И C Ҥ Я Σ T I Ξ И © Gaëtan Chrétien

 

Les Échos de la Mort
POÈMES

 

Topaze bleue
Deux mille dix-neuf
-

L'incendie
Deux mille dix-neuf
-

Une âme qui vive
Vingt-neuf Mai Deux mille onze
-

Espoir égaré
Deux mille dix-neuf
-

Merveilleuse paralysie
Dix-huit Juin Deux mille onze
-

Destin noir dans un paysage blanc
Deux mille dix-neuf
-

Geneviève
Vingt-cinq Juin Deux mille onze
-

Cristalisation
Deux mille douze
-

L'incendie du Steamer
Vingt-six Juin Deux mille onze

 

 

 

 

 

 

Topaze bleue

 

Depuis,
La souffrance complice des lunes, à toi.

Depuis,
La peur complice des lunes, à moi.

Instants fragiles et derniers,
Entre nous.

La terre nappée d'une dentelle de brume.

De forme le feu t'a consumée,
En mes bras,
Tu fus accompagnée,
Au sein de nos contrées.

Quelques roses déposées,
Un adieu,
Mais jamais dans nos pensées.

 

Deux mille dix-neuf

 

-

 

L'incendie

 

Aveugler d'une épaisseur
Noircie par la chaleur.
Désorienté,
Repères au toucher
de voiles enflammées.
Souvenirs parsemés,
Dans un souffle brûlant.
Photographies révélées,
Ternis dans un immédiat soupçon.
Craquelures et crépitements,
Particules dansant.
Oublie forcé,
Des choses tant aimées.

 

Deux mille dix-neuf

 

-

 

Une âme qui vive

 

Les particules dansent
Au gré du vent.

Les pierres composent des monts de débris,
Le feuillage des arbres,
Balaye la terre ferme.

Dans un silence sourd,
Des cris retentissent.

Des membres se mélangent
Aux gravas.

Se font passés pour des bois morts,
Sous des corps sans vie.

La peur d'un être
Prisonnier par le poids
De sa mère,
Et des restes de sa maison.

Un appel aveugle,
Bafouillé par le reste
De sa sucette,
Accentué d'une mâchoire brisée.

Des bras s'activent
Afin de dégager,
L'âme qui vive.

Il fût déposé aux côtés,
De celle qui la protéger.

Recouvert d'un drapé,
Ils ne seront jamais plus séparés.


Vingt-neuf Mai Deux mille onze

 

-

 

Espoir égaré

 

Éclats de lumière,
En cette nuit assassine,
Tu es mon seul repère.
Par ton regard figeant,
Mène moi à travers le vent.
Cette poussière volatile,

Mélange de terre grisée,
Et de corps calcinés.
Tu es la seule à m'apporter,
Une bouffée de courage,
Une morsure de rage.
Une larme versée,
Pour me redonner
L'espoir égaré.

 

Deux mille dix-neuf

 

-

 

Merveilleuse paralysie

 

 

Chacun de mes pas aveugles
S'enterrent dans les grains de sable.
Le sol marqué dans ma direction,
Je suis au bout du monde,
Le fluide salé monte et descend
.

Des éclats désirent atteindre le ciel,
Après chaque fracas violent,
Contre la vieille roche.
Ceux-ci, dans une chute libre,
Fusionnent avec leur père
Et se retirent vers leurs mère
.

Observant ce remue-ménage,
Mon sang se glace,
Ma peau frissone.
Le désir de la chaleur,
Grandissant et convainquant.
Mais hypnotisé par ces mouvements,
Fasciné par ses secrets,
Je reste à contempler l'immensité.

 

Dix-huit Juin Deux mille onze

 

-

 

Destin noir dans un paysage blanc

 

 

La nuit nous envahit.
Le blizzard se fait ouïr,
D'un frottement de matières,
Une flamme nous éclaire.
Instant caravagien,
Éclairage saint.
Une femme drapée de bleu,
Aux larmes de cire liquéfiée
.

En dehors,
Absorbé du noir,
Abandonné des étoiles,
Ignoré de la lune,
Le vent me bouscule.​​​

Le village brille au loin.
Passent les heures,
Invisible devient mon corps
Dans ce blanc immaculé.

 

Deux mille dix-neuf

 

-

 

Geneviève

 

 

Le soleil apparut,
Se refléta dans sa chevelure
.​​​

Sa faim s'atténua par un bol de lait,
Et quelques tartines de confiture
.​​​

Elle se débarbouilla le visage,
D'une eau fraîche,
Respira et inspira fort

.​​​

Une petite robe d'été,
Ficela ses souliers,
Puis sortie jouer.​​​​​
​​​

Le temps coula,
Son corps flotta,
Le bassin du lavoir,
Fût son dernier territoire
De jeux, de gloire.
​​

Le soleil couchant,
Se refléta sur l'eau,
Et sur sa chevelure émergeant,
Des étoiles ricochant.

Délicate et douce jeunesse,
Perdue à jamais,
Par une famille qui t'aimait.

 

Vingt-cinq Juin Deux mille onze

 

-

 

Cristalisation

 

 

Pluie d'automne,
Pluie d'été,
Large nappée.
Sur les plaines,
Installée la rosée.
Une larme se cristallise,
Durant une descente infernale,
Une étoile
Puis un blanc immaculé.

 

Deux mille douze

 

-

 

L'incendie du Steamer

 

Un ciel grisâtre,
Légèrement nuageux et âpre
.

Les flots agités,
D'un bleu dégradé,
S'entrechoquent à la coque
De l'imposant voilier
.

L'écume inspire confiance,
Mais le dessous des choses
Cache un mal immense
.

Nuage noir sur fond bleu,
Nuage blanc sur fond noir,
Les mâts imitent des torches,
La catastrophe est proche
.

Le feu inonde le pont,
Les passagers effectuent des plongeons,
Tel des anges planent,
Puis s'engouffrent dans le néant
.

Femmes et hommes hurlent de peur,
Devant le mystère des profondeurs
.

Chasser par les flammes,
Attendu par les vagues,
Un couvre tête s'envole
Fuyant cet instant accablant.

 

Vingt-six Juin Deux mille onze